venerdì 12 luglio 2013
2013 L26: La femme aux pieds nus - Scholastique Mukasonga
Gallimard, Folio 2008
La femme aux pieds nus, deuxième ouvrage de Scholastique Mukasonga, est clairement un hommage à la mère, un témoignage de ce que fut Stefania, de ce que furent toutes ces femmes rwandaises que la Mort n'enleva pas comme un voleur, mais qu'on lui offrit, pour que disparaisse tout un peuple ! Pourtant il en reste des Tutsi, car malgré tout l'acharnement dont il peut faire preuve, il n'est pas dans le pouvoir de l'homme d'exterminer complètement un peuple.
Mais si les hommes subsistent, la mémoire du passé ne subsiste pas avec eux automatiquement, si la transmission n'est pas faite. Et ce livre est surprenant en ce que, contrairement à ce qu'on aurait pensé, ce n'est pas un livre macabre, il est tout plein de vie, la vie du Rwanda d'autrefois, d'avant le génocide, et pourtant celui-ci pèse déjà de toute sa silhouette massive et oppressante. C'est cet éclat de la vie sur la face même de la mort que je trouve admirable dans La Femme aux pieds nus.
Ils sont vus comme la teigne qui gâte le vrai peuple, celui qui aurait été déclaré d'une souche supérieure ; ils sont de trop dans la société, et donc on les repousse dans les zones les moins agréables, avant d'en finir simplement avec eux. Et pourtant, malgré cet arrêt de mort qui n'attend que le moment favorable pour s'exécuter, les Tutsi tentent de suivre la courbe des jours, comme si le soleil brillerait toujours sur leurs rêves. Les femmes surtout ont à coeur de réinventer leur vie dans cette prison sans murs qu'on a bâtie autour d'eux en déportation. Stefania par exemple mobilise tout son monde pour faire surgir l'inzu sans lequel une Rwandaise ne pourrait se sentir vraiment chez elle.
Ce bourdonnement de la vie transparaît dans la description des coutumes, des plaisirs, des activités quotidiennes qui composent l'existence des Rwandais. Ces description sont faites au travers d'une prose simple qui
montre avec plus d'acuité à quel point les choses peuvent basculer du jour au lendemain, exactement comme lorsque le lecteur est rattrapé par le tragique au détour d'un passage plutôt plaisant. Par exemple cet extrait sur l'introduction et la propagation des W.C. :
L'étonnant, disait Marie-Thérèse, c'est que vous êtes assise sur une poterie qui a la forme de votre derrière, vous pourriez y rester des heures ! On eut un peu de mal à comprendre que la poterie en question, c'était le col d'une cruche qu'on avait décapitée avec soin et qui faisait office de cuvette comme celles que je découvris bien plus tard à Butare. [...] Les femmes convainquirent leurs maris de creuser de nouvelles fosses pour y adapter les mêmes commodités que chez Marie-Thérèse. C'était le progrès, amajyambere ! Comment auraient-ils pu savoir que beaucoup creusaient leurs tombes.
(page 114)
Les massacres proprements dits ne sont pas décrits, juste évoqués. Puis, à la fin, l'auteure rapporte un cauchemar où on lui demande : "As-tu un pagne assez grand pour les couvrir tous ?" (tous ces morts) Quel plus beau et plus grand pagne que celui qu'offrent les mots, pour honorer les victimes du génocide et leur redonner vie ?
http://lissdanslavalleedeslivres.blogspot.it/2012/12/la-femme-aux-pieds-nus-de-scholastique.html
un libro emozionante, che ti fa capire molto di più di tanti rapporti d'esperti la tragedia che si è preparata e realizzata in Rwanda. In attesa del prossimo genocidio che non tarderà molto ad arrivare.
Sarà nella Top dell'anno.
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