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giovedì 1 luglio 2010

Le Grand Trek Sud-Africain : the same old story

extrait du livre : Il n'y aura pas de paradis de Ryszard Kapuscinski

Les environs du Cap (avec la province du Natal) sont la région la plus belle de l’Afrique du Sud et peut-être de l’Afrique toute entière. Vignobles sans fin, aussi impressionnants que ceux que l’on voit dans le sud de la France. Les colons se tournent donc vers l’agriculture, mais aussi vers l’élevage, car ils voient que les indigènes élèvent des troupeaux de plusieurs milliers de têtes. C’est ici que naît le colonialisme : du combat pour une bonne terre, du vol de bétail aux indigènes.
[…]
La lutte porte donc sur la terre en général, et plus particulièrement sur les bonnes terres, les bons pâturages. C’est précisément sur ce terrain que les Afrikaners et les indigènes s’affrontent avec le plus de virulence. Car les uns comme les autres sont des éleveurs, donc les uns comme les autres ont besoin d’espaces immenses pour faire paître leur bétail.
[…]
Sous la pression de l’opinion publique libérale, le Parlement britannique abolit l’esclavage en 1836. Pour l’Afrikaner, le coup est doublement dur : il ébranle le fondement de son économie, qui repose sur le travail des esclaves, et en même temps il ébranle sa religion, selon la quelle Dieu a créé le Noir esclave. L’Afrikaner est donc confronté à une alternative : dans son dos il a l’administration britannique, devant lui les espaces infinis de l’Afrique. Il attelle ses boeufs, charge sur le chariot ses biens et sa famille, lui-même enfourche son cheval. Les esclaves noirs suivent le convoi, en tête marche l’énorme troupeau.
C’est ainsi que débute le Grand Trek.
Il dure vingt ans. Les Afrikaners se déplacent seuls ou en groupe. Parfois la colonne compte de cent à deux cents charrettes. L’une des femmes qui participe à ce Trek, écrit dans son journal pourquoi les Afrikaners ont choisi cette solution : « On a placé les esclaves au même niveau que les chrétiens, ce qui est contraire à la loi divine et à l’ordre naturel qui veut que les hommes soient classés d’après leur race et la couleur de leur peau. Pour tout chrétien honnête, c’est comme si on lui avait donné l’ordre de s’agenouiller pour se mettre aux fers. Aussi avons-nous préféré fuir pour sauver notre foi et la pureté de notre race ». Ces lignes ont été écrites en 1838.

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