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martedì 19 gennaio 2010

Marc Bloch : un article quelques mois avant son exécution par les Allemands

L'alimentation humaine et les échanges internationaux, d'après les débats de Hot Springs[1]

I. — La première conférence des Nations Unies a réuni, du 18 mai au 3 juin 1943, à Hot Springs, en Virginie, les délégués de quarante-quatre nations, ras-semblés sur l'invitation du Président Roosevelt. Elle avait pour mission d'examiner les possibilités d'une action internationale concertée, en ce qui concerne l'amélioration des régimes alimentaires, l'orientation de la production agricole, une meilleure distribution des produits de la terre entre les peuples et les hommes.
Nous ne saurions prétendre ici à faire le tour des problèmes traités ou abordés. Mais deux d'entre eux semblent, avant tout, devoir retenir l'attention de qui-conque cherche à scruter ou préparer l'avenir. Ils touchent la politique de l'alimentation et la politique des échanges internationaux.
II. — S'inspirant des travaux de la S.D.N., parfois les précisant, la conférence a constaté une fois de plus l'existence, dans l'humanité actuelle, de vastes groupes en état de sous-nutrition permanente. Ce sont d'une part des peuples entiers, particulièrement en Asie ; de l'autre, parmi les nations de civilisation occidentale elles-mêmes, des groupes sociaux étendus. Plus nombreux encore sont, parmi nous, les groupes « vulnérables », victimes, trop fréquemment, de « mal- nutrition » : enfants, adolescents, femmes enceintes.
Le secours à porter aux peuples « sous-nourris » relève de la politique des échanges internationaux, dont il sera parlé dans un instant. Par contre, l'existence, à l'intérieur de chaque nation, de groupes en état de « sous-nutrition » ou de « malnutrition » pose le problème d'une politique nationale de l'alimentation. Cette politique peut se définir par diverses mesures ; mais elle suppose avant tout une organisation méthodique de la production et de la distribution des aliments ; par suite une adaptation de l'agriculture aux besoins réels des consommateurs plutôt qu'à leur pouvoir d'achat. Deux pays, qui sont entrés dans cette voie pendant la guerre, semblent décidés à y persévérer, après la victoire. Ce sont la Russie et — fait plus digne encore de remarque — la Grande- Bretagne. Or, il est presque superflu de faire observer qu'une pareille politique exige une large part de dirigisme dans l'économie et qu'elle sera probablement incompatible avec une liberté bien grande des échanges internationaux.
III. — Ainsi même le problème intérieur soulève déjà, au bout du compte, le problème international. Mais celui-ci a été directement abordé. Il a mis en lumière des oppositions d'une grande portée.

I— PROBLÈMES

En gros, le monde comprend trois catégories de pays ou régions :
a) Les pays industriels, qui ont un revenu national, par tête d'habitant, élevé, comme l'Angleterre et les pays de l'Europe occidentale ;
b) Les pays agricoles riches, à faible densité de population par rapport à leurs ressources naturelles. Leur revenu national par tête d'habitant est souvent aussi élevé et parfois plus élevé que celui des pays industriels. Nous citerons comme exemples l'Australie et la Nouvelle-Zélande: les États-Unis et le Canada entrent à la fois dans cette catégorie et dans la précédente ;
c) Les pays agricoles pauvres, à très forte densité de population par rapport à leurs ressources naturelles : Chine, Indes, Pologne, etc.
Les pays agricoles pauvres sont ceux dont le régime alimentaire est le plus déficient. Leur situation ne s'est améliorée que très lentement pendant la période du capitalisme libéral. La liberté ne leur a profité que dans une mesure très restreinte et il paraît certain aujourd'hui que la simple abolition de barrières douanières n'aurait que peu d'effet sur leur économie. Ils ont besoin d'une aide positive des pays industriels et des pays agricoles riches. Les premiers leur fourni- raient le capital dont ils ont besoin, d'abord pour améliorer leur technique agricole, surtout pour leur permettre de créer des industries légères (transformations de produits alimentaires, textile, etc.) qui réduirait le surplus de la population agricole. Les pays agricoles riches leur procureraient pendant la période de transition les denrées alimentaires nécessaires pour améliorer immédiatement leurs conditions d'existence. Enfin certains des pays industriels et les pays agricoles riches, qui ont le plus souvent une population très peu nombreuse, ouvriraient leur frontière à l'émigration en provenance des pays agricoles pauvres.
Les pays agricoles pauvres se sont donc présentés à la Conférence de Hot Springs comme des demandeurs. Mais si paradoxal que cela puisse paraître, ils n'étaient pas les-seuls dans cette position. Les pays agricoles riches figuraient eux-mêmes parmi les plaignants et il faut reconnaître que leur dossier est susceptible d'être plaidé. Leur principal grief contre les pays industriels est que le rapport d'échange entre marchandises industrielles et marchandises agricoles était avant la guerre défavorable aux pays agricoles, cette situation étant due essentiellement à la position de monopole des pays industriels. Les régions du monde qui, par suite d'avantages naturels ou d'accidents historiques, ont été en mesure d'accumuler les premiers le capital indispensable à la production industrielle moderne et de développer une industrie puissante, se sont trouvées par là jouir d'une position favorisée par rapport aux pays agricoles, ils ont été en mesure de dicter leurs propres termes pour la vente de leurs produits. Au contraire, les pays agricoles ont vu leurs marchés leur échapper dès qu'ils ont voulu élever le prix de leurs produits. L'agriculture exige un capital beaucoup plus faible que l'industrie, et les pays industriels sont presque toujours en mesure d'augmenter leur production agricole.
Les pays agricoles se plaignent, en outre, d'une élasticité insuffisante dans la demande des denrées alimentaires. Une faible augmentation de la production ou une faible réduction de la demande entraîne des baisses de prix catastrophiques. C'est ce qui se produit lorsque les récoltes sont bonnes ou lorsqu'une dépression même légère survient dans les pays industriels. C'est pourquoi en période de crise les prix agricoles baissent beaucoup plus rapidement que les prix industriels. D'où l'effort des pays agricoles pour obtenir l'assentiment des pays industriels à l'élévation des prix de leurs produits, d'où leur désir de créer des organismes internationaux qui veilleraient à maintenir les prix agricoles à un niveau élevé, d'où leur tendance en un mot, vers une économie de monopole qui formerait la contrepartie du monopole naturel dont jouissent les pays industriels, monopole naturel complété le plus souvent par le monopole artificiel dû aux ententes entre producteurs. Il fallait donc s'attendre à ce qu'à la Conférence de Hot Springs les producteurs agricoles tentent de se coaliser en vue d'obtenir de meilleurs termes d'échange pour leurs marchandises.
Aussi longtemps qu'il ne s'agit que des relations entre pays industriels et pays agricoles riches, le problème est d'une importance secondaire. Dans les deux séries de pays les populations ont déjà atteint un niveau de vie élevé, qui leur permet le plus souvent de jouir d'un régime alimentaire sensiblement supérieur au régime défini par les physiologistes comme le régime minimal. Mais il est clair que l'extension du système de monopole de l'industrie à l'agriculture aurait pour les pays agricoles pauvres des conséquences catastrophiques. Monopole signifie, en effet, restriction de la production et, par conséquent, disparition de tout espoir en une économie d'abondance qui permettrait d'améliorer les conditions d'existence de masses humaines les plus défavorisées. Le monde tendrait vers une économie statique ou à développement extrêmement lent, supportable pour les pays industriels et les pays agricoles riches, mais qui perpétuerait la situation misérable des pays agricoles pauvres. II est donc essentiel en examinant les résultats de la Conférence de Hot Springs, d'avoir toujours présent à l'esprit cette question : Est-ce que les solutions proposées tendent vers une économie de restriction ou vers une économie d'abondance ?

Il—LES RÉSOLUTIONS DE LA CONFÉRENCE

Les pays industriels, importateurs de denrées alimentaires, et les pays agricoles riches, exportateurs des mêmes denrées, se sont affrontés sur le problème des stocks régulateurs. Un accord unanime existait au sein de la conférence sur la nécessité de constituer pour les principaux produits agricoles des organismes chargés d'en régulariser le marché et les prix. Personne ne désire revenir à l'anarchie caractéristique de l'entre-deux-guerres. Mais le désaccord a surgi au moment où il s'est agi de déterminer les attributions de ces organismes. Les pays importateurs de produits agricoles ont accepté de leur donner les pouvoirs nécessaires pour empêcher les cours de s'effondrer à la suite d'une bonne récolte ou de s'élever verticalement en cas de mauvaise récolte, en un mot pour soustraire les cours aux influences des variations atmosphériques. C'est le principe même sur lequel fonctionne en France l'Office du Blé. Théoriquement, cet Office n'a pas pour tâche de porter les cours à un niveau supérieur à celui qui s'établirait par le libre jeu de l'offre et de la demande. Il a essentiellement pour objet de constituer des stocks au cours des bonnes années et de les garder jusqu'au moment où de mauvaises récoltes rendent la consommation supérieure à la production courante. Les stocks régulateurs ainsi-constitués ne porteraient en rien préjudice aux intérêts des pays consommateurs, puisque le niveau moyen des prix resterait inchangé. Ils augmenteraient la sécurité des pays producteurs en les mettant à l'abri des fluctuations violentes. Les pays importateurs ont également donné leur accord en ce qui concerne l'intervention éventuelle des stocks régulateurs au moment des crises. Il est tout à fait essentiel en effet lorsque, pour une raison ou pour une autre, une dépression économique s'amorce en un point quelconque du globe, d'en empêcher les effets de se propager. Si des organismes comme ceux envisagés ici sont en mesure de soutenir les cours des produits agricoles, pendant le temps nécessaire pour que les mesures prises contre la dépression produisent leur effet, le pouvoir d'achat des pays exportateurs de produits agricoles se trouvera maintenu, et la chute du niveau général des prix amortie.
Mais les pays exportateurs voulaient davantage. Ils voulaient que les organismes qui géreront les stocks régulateurs aient également le pouvoir de procéder à des achats en temps normal, lorsque les cours des produits agricoles apparaîtront trop bas par rapport à ceux des produits industriels. Quel devrait être le rapport entre prix industriels et prix agricoles, c'est ce que personne n'a été capable de définir. Mais il est apparu que les producteurs agricoles considèrent le rapport qui existait avant la guerre comme leur étant trop défavorable. En outre, l'expérience des années d'avant-guerre ayant montré que pour faire monter les prix des produits agricoles, il fallait en limiter la production, les représentants des pays agricoles exportateurs ont insisté pour que des pouvoirs soient donnés aux nouveaux organismes agricoles, leur permettant de fixer des contingents de production ou d'exportation pour les différents pays.
Un dilemme s'est donc trouvé posé, qui consiste essentiellement en ceci : l'organisation de la production mondiale représente incontestablement un régime économique supérieur à la liberté pure et simple lorsque la réglementation tend à une expansion de la production. S'il s'agissait simplement de choisir entre la liberté pure et simple d'une part, et, d'autre part, un plan de production mondial tendant à l'accroissement de la production, la préférence devrait être accordée au plan. Mais, à Hot Springs, le choix était entre la liberté, mitigée de mesures destinées à apporter un certain ordre sur les marchés, et un système d'organisation à tendance restrictionniste. Le choix dans ces conditions ne saurait faire de doute. Il importe en premier lieu d'écarter le danger d'un système de monopoles agricoles qui compromettrait pour de longues années une expansion économique mondiale.
Certes, toutes les résolutions proposées accordaient aux consommateurs une représentation dans les organismes chargés de gérer les stocks régulateurs. Les pays producteurs ne verraient probablement aucune objection à ce que cette représentation soit égale à la leur. Il nous est apparu cependant que la représentation des consommateurs serait absolument impuissante à empêcher les tendances restrictionnistes de triompher, et cela essentiellement pour la raison suivante : il n'y a à peu près aucun pays dans le monde qui n'ait en matière de restrictions à la production une attitude ambivalente, aucun pays qui n'ait à défendre à la fois les intérêts de ses consommateurs et les intérêts de ses producteurs. Tel pays, par exemple, qui est importateur de certaines catégories de produits alimentaires est exportateur d'autres catégories. Ou bien, s'il importe tous les produits alimentaires dont il a besoin, il exporte d'autres marchandises, des matières premières notamment, dont le régime sera très vraisemblablement le même que celui des produits alimentaires. C'est dire qu'à l'intérieur de chaque pays, il existe un conflit d'intérêts entre consommateurs et producteurs. Or, si l'expérience économique des vingt dernières années est positive sur un point quelconque, c'est sur celui de la suprématie politique des producteurs. Plus puissants, mieux organisés que les consommateurs, ils font presque toujours triompher leurs thèses. En un mot, il n'est nullement certain que les délégués des pays importateurs de denrées alimentaires dans les organismes chargés de la gestion des stocks régulateurs, défendent avec énergie le point de vue des consommateurs. Soumis eux-mêmes à l'influence de certaines catégories de producteurs, il est plus que vraisemblable qu'ils seront amenés à traiter avec les représentants des pays producteurs de denrées alimentaires. Ils accorderont à ceux-ci des majorations de prix pour les produits alimentaires, en échange de majorations de prix pour les produits dont eux-mêmes sont exportateurs.
Bien que la résolution finale concernant les stocks régulateurs comporte des phrases à sens multiples, dans l'ensemble le danger d'une organisation agricole mondiale à tendances restrictionnistes a été provisoirement écarté. C'est surtout grâce à l'action des Anglais que ce résultat a pu être obtenu.
Ce qui eût dû être l'objet essentiel de la Conférence, a savoir : « Comment donner aux pays agricoles pauvres le pouvoir d'achat dont ils ont besoin pour améliorer le régime alimentaire de leur population ? », cette question n'a été examinée que très superficiellement. La délégation française a proposé un plan comportant la modernisation de l'agriculture de ces pays, leur industrialisation, des migrations suffisantes pour réduire la pression démographique dans les régions les plus pauvres en ressources naturelles, des mesures pour mettre fin aux pratiques de monopole dans les pays industriels. Ces propositions ont été insérées dans les résolutions finales, mais à aucun moment discutées à fond. On peut peut-être dire qu'elles sortaient du cadre de la Conférence de Hot Springs, et qu'il appartiendra à d'autres assemblées internationales de les discuter. Il reste vrai qu'elles constituent l'essentiel du problème à l'ordre du jour de cette première conférence.

III—POSITION PRISE PAR LES DIFFÉRENTES PUISSANCES À HOT SPRINGS

Les pays qui ont défendu la thèse du contrôle de la production sont les pays exportateurs de denrées alimentaires et de matières premières, essentiellement les pays de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud, Cuba, les Dominions Britanniques, au premier rang desquels l'Australie. Ils l'ont fait cependant avec réserve, en se défendant de tendre à une économie de restrictions. Cela est en soi un signe favorable, montrant que dans le monde présent, caractérisé par des possibilités techniques infinies, le malthusianisme économique devient de plus en plus impopulaire. On pourrait presque dire que les pays exportateurs avaient mauvaise conscience. C'est cette gêne qui explique en partie le succès de leurs adversaires en empêchant les mesures de contrôle à la production de figurer d'une façon explicite dans les résolutions finales.
La Grande-Bretagne a mené le combat contre les tendances restrictionnistes. Confirmant des informations que nous avons pu obtenir d'autre part, l'attitude de la délégation britannique à Hot Springs montre que l'Angleterre redoute une coalition des pays producteurs de denrées alimentaires et de matières premières, qui aurait pour résultat de porter les prix de ces marchandises, relativement au prix des produits industriels, à un niveau très supérieur à celui qui prévalait avant la guerre. Le résultat serait que l'Angleterre aurait à donner, pour obtenir la même quantité d'importations, un volume beaucoup plus grand de marchandises nationales. Étant donné que les débouchés pour les marchandises britanniques après la guerre seront probablement limités, cela signifierait que l'Angleterre éprouverait de grosses difficultés à équilibrer sa balance des comptes.
Mais dans leur attaque contre les tendances restrictionnistes, les délégués britanniques se sont trouvés gênés par le fait que leurs Dominions se trouvaient dans le camp opposé. Il est intéressant de noter qu'au sein de la commission s'occupant des stocks régulateurs, les deux chefs des tendances adverses étaient, d'une part, l'Angleterre, d'autre part, l'Australie. On peut conclure provisoirement de la Conférence de Hot-Springs, en ce qui concerne l'Angleterre, que l'opposition entre ses intérêts et ceux de ses Dominions la gênera considérablement dès qu'il s'agira pour elle de définir une politique économique d'ensemble.
Les délégués américains étaient naturellement tentés de prendre la tête des pays exportateurs de produits alimentaires. La plupart de leurs interventions ont visé à soutenir les délégués de ces pays. Les raisons de cette attitude sont faciles à comprendre. En premier lieu, les États-Unis eux-mêmes sont un pays exportateur de denrées alimentaires. D'autre part, toute leur politique sud-américaine exige qu'ils prennent la défense économique des pays de l'Amérique du Sud.
Cependant, les Américains à Hot Springs ont presque constamment cédé devant les Anglais. Il semble qu'une entente au moins tacite a été conclue entre l'Angleterre et les États-Unis pour qu'un certain nombre de questions délicates, mettant enjeu l'avenir même des deux Empires, ne soient pas soulevées d'ici la fin de la guerre.

IV—POSITION ET PERSPECTIVES DE LA FRANCE

Quant à la position de la délégation française à la Conférence de Hot Springs, elle s'est trouvée définie par les intérêts évidents de la France. Au point de vue des problèmes discutés, la France est exactement dans la même situation que l'Angleterre. Certes, elle n'importe que des quantités limitées de produits alimentaires, mais elle est grosse importatrice de matières premières d'origine agricole, notamment de coton, auxquelles les résolutions de Hot Springs s'appliquent également. D'autre part, elle se procure à l'étranger la plus grande partie des matières premières d'origine extractive et du pétrole dont elle a besoin. Or, il est vraisemblable que les solutions qui l'emportent en matière internationale pour les denrées alimentaires s’appliqueront également à ces produits. En tout cas, ils constitueront un précédent. C’est pourquoi la délégation française s’est opposée aux projets d'organisation de la production, ces projets ayant une tendance restrictionniste. Mais il est clair qu'il ne s'agit là que d'une position provisoire Pas plus dans ce domaine que dans les autres la France ne doit prendre de position conservatrice II importe donc de rechercher dès maintenant les conditions d'une organisation internationale à tendance expansionniste et de saisir les occasions qui pourraient se présenter de faire triompher cette conception. Dans une telle œuvre la France serait susceptible de recueillir les suffrages d'une grande partie de l'opinion publique en Angleterre et aux États-Unis, pour ne pas parler des autres pays.
[1] Les Cahiers politiques. n° 4, novembre 1943, p. 20.

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